Dans le sud-est, en particulier dans le Var, "on n'avait pas vu l'an passé une telle sécheresse depuis 50 ans, on pouvait alors vraiment parler d'une situation exceptionnelle, cette année on retrouve le niveau d'il y a 10 ans ce qui n'est plus extraordinaire", explique la direction de l'eau du ministère. Néanmoins, "on commence à se rapprocher des débits (extrêmement bas) de l'an dernier et nous restons très vigilants", ajoutent ces experts.
Ailleurs la situation est "très hétérogène" mais dans l'ensemble beaucoup moins sévère qu'à l'été 2003. De surcroît, le niveau des nappes phréatiques n'est "inférieur à la normale" que dans le nord et l'est, selon le directeur de l'eau au BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières), Didier Pennequin. Vendredi, le ministère de l'Ecologie a ajouté un 46ème département, l'Orne, à la liste des départements métropolitains où des arrêtés préfectoraux limitant certains usages de l'eau ont été pris dans les dernières semaines. A comparer avec les 77 départements de métropole (sur 95) où l'utilisation de l'eau avait été restreinte l'an passé en pleine canicule d'août.
Le ministère a étoffé pour la première fois vendredi la carte de la sécheresse qu'il actualise quotidiennement sur son site internet (www.ecologie.gouv.fr). Il distingue cinq situations: les départements où aucun arrêté n'a été pris (31), ceux où le préfet a déjà un texte dans son tiroir au cas où ...(18), et ceux (46), sous-divisés désormais en trois catégories, où des mesures de limitation d'eau plus ou moins contraignantes sont en vigueur.
Curieusement, le littoral méditerranéen (sauf l'Hérault) fait partie des régions où aucun arrêté n'est prêt ni a fortiori en vigueur, aux côtés du Nord, de la Lorraine, du Jura, de la Haute-Normandie, de la Bretagne, du Centre et de la Corse. "Dans le Sud, on est habitué à la sécheresse", explique-t-on à Paris. Les départements de la côte d'Azur n'ont pratiquement pas connu de précipitations de mai à juillet mais ont les barrages des Alpes du Sud et autres "équipements nécessaires pour soutenir l'étiage de leurs cours d'eau".
Le Languedoc-Roussillon est également bien équipé en barrages-réservoir. L'Hérault, fortement arrosé en juin, dispose des canaux venant du Rhône. Les Pyrénées-Orientales bénéficient des barrages pyrénéens, bien alimentés après de fortes neiges hivernales. Les huit départements où les restrictions d'eau sont les plus sévères sont en Midi-Pyrénées, dans les Charentes et en Vendée. Dans ces régions, l'irrigation et tous les usages domestiques non prioritaires (pelouse, remplissage initial de piscine, lavage de voitures) sont totalement interdits sept jours durant, sur au moins un bassin fluvial. |